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9 mars 2008 7 09 /03 /mars /2008 10:47

Pendant qu'Hercule tentait de tuer l'Hydre de Lerne, un monstre à corps de chien avec neuf têtes de serpent, une méchante déesse — nommée Héra — envoya un crabe géant en espérant qu'il aiderait l'Hydre à tuer Hercule. Carcinus (c'était le nom du crabe) réussit à pincer Hercule au talon, mais cela ne fit qu'enrager Hercule qui l'écrasa du pied. Cependant, pour remercier le pauvre crabe qui avait donné sa vie pour elle, Héra le récompensa en l'emmenant dans le ciel. Le crabe devint la constellation du Cancer.

Je suis sur le retour de cette lointaine constellation. Ce fut un voyage terrifiant au pays des ténèbres. Aux portes de cette région maudite, je fus salué d'un écriteau sinistre qui m'annonça: «  toi qui entre ici renonce à tout espoir ».

A ce jour encore, j'ignore si je rentrerai à bon port, car le périple est loin d'être achevé: bien des dangers demeurent avant ma rentrée au foyer.Et cette aventure ne m'arriva pas au milieu de ma vie mais plutôt vers sa fin.Vers le début de sa fin ?


 

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25 janvier 2008 5 25 /01 /janvier /2008 08:07
Du poids des mots.
« Lorsqu’il s’agit de malheurs économiques, on ne peut éviter les problèmes de vocabulaire. Au cours de son infortunée odyssée, Pal Joey, le personnage le plus original de John O'Hara, se retrouve chanteur dans un beuglant de Chicago où l'on ne vend que du café et des petits gâteaux. Il explique ses malheurs en disant que la « panique» dure encore. Ce terme archaïque et donc légèrement prétentieux atteste l'oreille infaillible d'O'Hara. Au XIXe siècle et jusqu'en 1907, les États-Unis avaient connu des « paniques », et c'est ainsi, sans aucune honte, qu'on les appelait. Mais en 1907, le langage, comme tant d'autres choses, se mettait au service des intérêts économiques. Pour limiter la perte de confiance, les hommes d'affaires et les banquiers avaient entrepris d'expliquer que tout revers écono­mique n'était pas vraiment une panique, mais seulement une crise. Ils n'en étaient pas dissuadés par l'emploi que faisait Marx de ce terme dans un contexte bien plus menaçant - celui de crise finale du capitalisme. Mais dans les années vingt, le mot « crise» avait à son tour acquis la connotation redoutable des événements qu'il décrivait. Par conséquent, les hommes se redonnèrent confiance en expliquant qu'il ne s'agissait pas d'une crise, mais d'une dépression. Un terme bien anodin... Puis vint la Grande Dépression qui associa ce mot avec la calamité économique la plus effroyable, et les sémanticiens économiques expliquèrent alors qu'au­cune dépression ne s'annonçait, au plus une simple récession. Dans les années cinquante, chaque fois qu'il y avait des difficultés passagères, les écono­mistes et les hauts fonctionnaires niaient d'une seule voix qu'il y eût récession, - seulement un mouvement marginal ou un réajustement rééquili­brateur. M. Herbert Stein, homme affable qui eut l'honneur ingrat de servir de porte-parole économique à Richard Nixon, aurait qualifié la panique
de 1893 de correction de croissance ».
­
Galbraith. L’argent.
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24 janvier 2008 4 24 /01 /janvier /2008 17:18
Du bon usage de la religion par temps de tempêtes, de crises, de paniques boursières
 
« Les paniques firent aussi recourir à deux types de remèdes qui ont toujours joui d'une grande faveur, bien qu'il n'existe aucune preuve qu'ils aient jamais été très efficaces. Le premier consiste à vouloir exorciser les malheurs économiques en affirmant qu'ils n'existent pas. En novembre 1820, qui fut un mois très sombre, après l'effondrement de l'année précédente, le président Monroe entretint le Congrès de l'état « prospère et heureux » du pays, ajoutant qu' « on ne saurait contempler un spectacle aussi réconfortant et aussi glorieux sans être pénétré de la reconnaissance la plus profonde et la plus humble pour l'Auteur suprême de Tout le Bien qui nous prodigue des bienfaits aussi multiples et aussi inestimables. On savait que le gouvernement de l'époque était gravement préoccupé par la crise économique. En mars 1837, comme l'on commen­çait à ressentir les épreuves de cette année terrible, Andrew Jackson déclara dans son discours d'adieu: « Je quitte ce grand peuple prospère et heu­reux. »  En juin 1930, le président Hoover reçut la visite d'une délégation d'hommes soucieux du bien public venus lui suggérer une extension des travaux publics pour soulager les souffrances des chômeurs, qui se comptaient alors par millions. « Messieurs, répondit le président, vous venez deux mois trop tard. La dépression est terminée. »La sincérité du ton sur lequel M. Nixon et ses économistes ne cessaient de proclamer la fin de l'inflation, les situe dans une tradition plus ancienne qu'ils ne le croyaient.
L'autre remède que l'on propose volontiers est la consolation religieuse, substitut à des mesures plus onéreuses. En 1837, un prêtre ingénieux conseillait à ceux qui souffraient de mettre ces temps difficiles à profit pour « Accumuler un trésor au Ciel », ajoutant en guise d'encouragement que: « Tout cela est réalisable avec un revenu modeste. »En 1857, autre mauvaise année, le Journal du Commerce publiait un avis similaire sous une forme vaguement poétique:
Quittez un moment Wall Street
et tous les soucis terrestres,
Et consacrez une heure au milieu du jour à une prière humble et pleine d'espoir.
En 1878, l'archevêque de Boston, Williams, prit une mesure plus pratique. Il adressa à ses églises une circulaire demandant à ses fidèles de ne pas céder à la peur en allant retirer leur argent des banques. Sa lettre provoqua une véritable ruée. En octobre 1907, pour couronner les efforts tendant à arrêter la panique de cette année-là (qui se mani­festait par des ruées aux guichets des sociétés de gestion et des banques new-yorkaises), J. P. Mor­gan, qui occupait lui-même un rang élevé dans la hiérarchie épiscopalienne, convoqua à son bureau les principales personnalités religieuses de la ville et leur demanda de prononcer des sermons rassurants le dimanche suivant. « Les responsables religieux de toutes confessions acceptèrent de décrire ce week­ -end-là la situation en rose Une longue tradition précède donc le Révérend docteur Peale et le Révérend docteur Graham, les plus récents propa­gateurs d'un évangile au service de l'efficacité économique et de la paix sociale. »
Galbraith. L’argent.
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22 janvier 2008 2 22 /01 /janvier /2008 16:24
Anniversaire de la mort de l'abbé Pierre.

le 22 janvier 2007:

L’abbé Pierre est mort. Partout ce n’est que louange. L’hypocrisie, c’est l’hommage du vice à la vertu, a dit La Rochefoucauld. Chirac rend hommage au vieillard décédé ; Chirac et toute la classe politique. Il leur a bien rendu service, il est vrai, en s’occupant des problèmes qui leur incombaient. La charité organisée a pris le relais du pouvoir politique défaillant et ce dernier s’en trouve bien. Mais fallait-il laisser à la rue tous ces pauvres ? Non, certes. Cependant, l’éternel problème de la pauvreté n’a pas trouvé de solution et n’en trouvera sans doute jamais. Pour qu’il y ait du luxe il faut de la misère.

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17 janvier 2008 4 17 /01 /janvier /2008 13:26

 

 

 

Méditons ce kôan du zen japonais. Il doit nous permettre d’atteindre le silence, celui de la communion d’esprit, une véritable communion intuitive.

Pour se préparer au silence, les maîtres du zen emploient des contes, des apologues, de courts dialogues ou des apophtegmes, souvent énigmatiques.

L’ombre des bambous balaie les marches

mais pas un grain de poussière ne bouge.

La lune plonge au fond du bassin

mais l’eau est sans ride.


À méditer...

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16 janvier 2008 3 16 /01 /janvier /2008 09:35

Longtemps, je me suis levé de bonne heure. Parfois, à peine le premier cri poussé par ma machine à café, posée sur la table de nuit, au bord de mon lit, mes yeux s’ouvraient si vite que je n’avais pas le temps de me dire : « Il faut se lever. » Et, dix minutes après, la pensée qu’il fallait se tenir éveillé, me rendormait. Je replongeais dans les rêves de la nuit.

Longtemps, je me suis levé de bonne heure par nécessité. Pour le travail. C'est alors que je me rendormais avec une grande facilité.

Et puis, par habitude. Quand je n'ai plus eu à travailler.

Dès que l'odeur du café caressait mes narines, éclosait dans ma tête le déroulement anticipé de la nouvelle journée.

Des tâches nécessaires et parfois passionnantes déployaient leur splendeur dans mon esprit encore tout empreint des rêves de la nuit.

C'était lundi ou jeudi. J'irais faire mes courses aux LIDL de ma paroisse. Il y a deux LIDL. Comment choisir vers lequel des deux je dirigerais mes pas. Ils sont si semblables et en même temps différents: mêmes produits mais l'agencement des magasins n'est pas tout à fait le même.

Mon pouvoir d'achat ayant tendance à s'effondrer, je me suis rabattu sur les discounts comme nombre de mes concitoyens. Depuis longtemps déjà, j'ai renoncé au luxe des boutiques du centre ville.

J'ai crû trouver mon salut dans les grandes surfaces: Casino, Leclerc.

Mais même chez eux, je me suis rendu compte que tout devenait cher. Le prix des fruits et des légumes atteignait des sommets prohibitifs.

LIDL m'a sauvé mais jusqu'à quand ?

Me resteront les restos du coeur; autrement dit la soupe populaire.

Malgré tout en m'éveillant, j'étais tout guilleret ces jours là.

Les autres jours, il faudrait attendre, dans la soirée, les émissions sur TF1, antenne 2 ou FR3. ARTE, non. Trop intello pour moi. Dans mes éveils je me repassais les programmes que j'avais lu la veille. Est-ce que je choisirais les variétés ou la rediffusion pour la énième fois d'une dramatique, d'un policier que je connaissais par coeur.


Depuis quelque temps, je reste longtemps au lit le matin, je n'ai plus envie de me lever de bonne heure. Allez savoir pourquoi...

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15 janvier 2008 2 15 /01 /janvier /2008 09:32
Contre le Sarko bashing.

Arrêtons de taper sur Sarkozy. C’est lui rendre un trop grand service que de parler continuellement de lui, en bien ou en mal. Il fonctionne dans un système qui s’alimente de tous les scandales. Ses adversaires croient s’opposer à lui alors qu’ils ne font que construire l’image qu’il s’est choisie. Celle d’une super star, de qui on accepte tout, de qui on s’attend à tout, qui, pour exister, doit, en permanence, se produire sur la scène publique. Les caricatures, les pamphlets, les livres qui sentent le soufre, les histoires qu’on colporte à son sujet, tout lui profite. Toutes ces productions envahissent le champ de l’information et nous contraignent à réagir sur le terrain miné de Sarkozy. 
L’énorme machination qui s’élève autour de sa personne n’a pour but que d’essayer de nous divertir de nos problèmes réels. Nous souffrons de maux quotidiens très tangibles : de pauvreté, de chômage, d’une misère des hôpitaux, etc. Et le magicien nous fait sortir de son chapeau la politique de civilisation !
 Ce qui le gênerait le plus,  lui et son entourage, ce serait un silence digne, manifestant ainsi le mépris qu’on devrait éprouver pour  son histrionisme forcené. Alors, taisons-nous, pour l’amour du ciel, et laissons à ses thuriféraires le soin de lui ériger la statue qu’il désire tant et que nous lui refusons.
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14 janvier 2008 1 14 /01 /janvier /2008 16:51

Frères humains qui après nous vivez,

N’ayez les cœurs contre nous endurcis,

Car, se pitié de nous pauvres avez,

Dieu en aura plus tôt de vous mercis.


Epitaphe de Villon.


Et surtout, assurez-vous que nous sommes bien mort définitivement.


« Il faut prendre garde de confondre mort et léthargie ; celle-ci, en effet est un sommeil profond, que l’on a vu durer deux, trois, jusqu’à quinze jours et plus encore. Aussi les physiologistes énumèrent-ils douze signes de la mort, dont le dernier seul est absolument certain :

1° l’arrêt de la respiration.

2° l’arrêt de la circulation.

3° La rigidité cadavérique.

4° L’absence de contractilité musculaire ou galvanisme.

5° La formation d’une tâche sur la cornée.

6° Le défaut de redressement de la mâchoire inférieure abaissée avec force.

7° La perte de transparence de la main.

8° L’obscurcissement des yeux.

9° La vacuité des carotides.

10°Le défaut de crépitation vitale.

11° Le manque de vésicule après les brûlures.

12° Enfin la putréfaction. »

Extrait de Science catholique.1887


Si, ayant parcouru toutes ces étapes, vous doutez encore d'être bien mort, recommencez à mourir une seconde fois, pour de bon, espérons le.

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12 janvier 2008 6 12 /01 /janvier /2008 09:09
En 1973, conçu par la CIA et exécuté par les réactionnaires du Chili, dont l’immonde Pinochet, un coup d’état mettait fin à la tentative du président Allende d’instaurer le socialisme dans son pays. Il fut abattu sans pitié et la répression fut terrible. L’émotion ressentie parmi les démocrates du monde entier fut immense, à la mesure de la perte d’un espoir démesuré. Je jetai alors quelques lignes sur le papier, naïvement indigné, naïvement écoeuré par l’hypocrisie des autorités en place. Depuis, et sans fin, se succèdent les scènes de carnage de par le monde… Ce présent ne différait en rien du passé non plus : à la lecture de l’histoire on ne rencontre que cruauté, vilenie. L’espoir se transforme inéluctablement en désespoir.
 
La satisfaction imbécile
Des temps serviles
Est revenue.
 
L'or regorge dans les coffres.
L'acier des chars
A brisé les corps nus
Que l'armée offre
Aux fosses béantes.
Et à la mer.
 
Les vagues jettent à la plage
Les membres épars
Des voyageurs de l'avenir.
Ils ont commis le pire.
Et pour leur peine
Ils n'auront qu'un repos
Éternel.
 
L'éternelle souffrance des pauvres,
L'éternel dénuement des pauvres,
Les éternelles victimes.
Elles avaient eu leur moment :
Un instant libre.
Un instant proclamé à la douleur
De leurs poings,
Aujourd'hui coupés.
 
Les dignitaires de l’église
Ont béni les temps nouveaux,
Ont consacré les échafauds,
Et sanctifié de tristes sbires.
 
Le Chili est sous le joug.
Comme avant lui,
D'autres pays,
D'Espagne en Indonésie,
Ont plié sous les faisceaux.
 
Alors commence la nuit
Et l'hiver.
Le peuple va les yeux baissés
Sectionné de son passé,
Tel un décapité.
 
Les cadavres jonchent les rues.
La rocket contre la peau.
Les trous rougis,
Les crânes éclatés,
La chair explosée.
 
Les femmes tendent leurs bras
Vers les prisonniers
Des stades de la mort.
 
Et partout l'horizon plombé.
Il avait fait bon vivre
Avec l'espoir.
Se sentir maître de soi.
Etouffer l'esclave endormi.
 
Face contre terre.
Pour nourriture, la poussière.
Le dos raide et les bras figés.
Les coups de pieds,
Les coups de crosses,
Et la rafale des mitraillettes
C'était un rêve, la liberté, relégué à cent mille années
Un songe ténu et fugace que les bottes détestent.
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10 janvier 2008 4 10 /01 /janvier /2008 16:15
 
Réponse du chef Seattle au grand chef blanc de Washington qui voulait lui acheter une large zone du territoire indien. 1854. (Extraits)
 
Comment pouvez-vous, acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre? L'idée nous parait étrange.     ­
Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l'air et le miroitement de l'eau, comment est-ce que vous pouvez les acheter?
Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple. Chaque aiguille de pin luisante, chaque rive sableuse, chaque lambeau de brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque bourdonnement d'insecte est sacré dans le souvenir et l'expérience de mon peuple. La sève qui coule dans les arbres transporte les souvenirs de l'homme rouge.
Les morts des hommes blancs oublient le pays de leur naissance lorsqu'ils vont se promener parmi les étoiles. Nos morts n'oublient jamais cette terre magnifique, car elle est la mère de l'homme rouge. Nous sommes une partie de la terre, et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos soeurs; le cerf, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les sucs dans les prés, la chaleur du poney, et l'homme - tous appartiennent à la même famille.
Il n'y a pas d'endroit paisible dans les villes de l'homme blanc. Pas d'endroit pour entendre les feuilles se dérouler au printemps ou le froissement des ailes d'un insecte. Mais peut-être est-ce parce-que je suis un sauvage que je ne comprends pas.
Nous savons au moins ceci : la terre n'appartient pas à l'homme, l'homme appartient à la terre. Cela, nous le savons. Toutes choses se tiennent comme le sang qui unit une même famille. Toutes choses se tiennent.
Je suis un sauvage et ne connais pas d'autre façon de vivre. J'ai vu un millier de bisons pourrissant sur la prairie, abandonnés par l'homme blanc qui les avait abattus d'un train qui passait. Je suis un sauvage et ne comprends pas comment le cheval de fer fumant peut être plus important que le bison que nous ne tuons que pour subsister.
Qu'est-ce que l'homme sans les bêtes? Si toutes les bêtes disparaissaient, l'homme mourrait d'une grande solitude de l'esprit. Car ce qui arrive aux bêtes arrive bientôt à l'homme. Toutes choses se tiennent.
 Les blancs aussi disparaîtront, peut-être plus tôt que les autres tribus. Contaminez votre lit, et vous suffoquerez une nuit dans vos propres détritus.
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