Nous ne nous pendront pas malgré les soucis qui nous accablent.
« …tant que nous aurons des livres, nous ne nous pendront point. »
Madame de Sévigné.
Aux Rochers, elle n’arrêtait pas de geindre et de se plaindre de tout et de tout le monde, la Marquise.
Elle se plaignait du mauvais temps. Il pleuvait sans cesse ; les tempêtes se déchaînaient dans son exil breton.
Elle méprisait la société provinciale qui la gênait dans ses aises et qu’elle trouvait ridicule.
Elle ne se consolait que par ses lettres, celles qu’elle écrivait, celles qu’elle recevait et par ses lectures.
Et elle aurait pu dire, comme Montesquieu, qu’il n’était pas de chagrin qu’une heure de lecture n'ait dissipé.
Ou bien encore comme Stendhal: « on ne se console pas des chagrins, on s'en distrait. »
J'ai mes chagrins, mes ennuis, mes contrariétés et ils ne sont pas moins attristants que les leurs. J'essaie aussi de m'en distraire par la lecture. Et par mes billets...
Or, un français sur deux n'achète jamais de livres. Et les français ont bien des problèmes par les temps qui courent. Pouvoir d'achat, retraites, coût de la santé, chômage...Ils ne vont pas tous se pendre pour autant.
Comment se consolent-ils donc de leurs « chagrins »?
Il ne manque pas de remèdes de nos jours: la télé, Internet, les pirouettes et les frasques de nos gouvernants etc. Voilà qui amuse le peuple et qui l'empêche de sombrer dans la plus noire morosité.
Ne vous en faîtes pas pour eux, pour nous, madame la Marquise tout va très bien, tout va très bien!
Pardonne moi si je t’abandonne. Il faut savoir aussi se séparer parfois. Tu étais devenue trop exigeante. Il fallait toujours que je te prenne dans mes bras. Que je te caresse. Tu n’en faisais plus qu’à ta tête, rentrant tard le soir sans même un regard. J’avais l’impression d’être devenu ton esclave. Je ne t'avais rien demandé. tu avais quitté quelqu'un d'autre de ton propre gré. Je n'y étais pour rien. Tu t'es installée chez moi sans vergogne.
Les séparations sont toujours douloureuses et souvent cruelles. Celle-ci, je l’espère, ne durera pas trop longtemps et je penserais à toi tout au long du voyage. Mais on ne sait jamais quand on s’en va si l’on reviendra. Le retour n’est jamais sûr. Tu me manqueras, vois-tu.
Je sais, tu vas aller coucher n’importe où. Libre et sans contraintes. Tu vas faire du charme aux voisins et je ne doute pas qu’ils s’occupent de toi.
Enfin, j’espère que cet éloignement te fera réfléchir. Que tu t’interrogeras sur mon absence. Que tu seras inquiète un peu. Que, par moments, mon image fugace se figera au fond de ton coeur.
P.S : J’ai laissé ton bol de croquettes au dehors, contre la porte de la cuisine. Madame M. passera une à deux fois par jour.
Gros câlin.
Étrennes
C'est le moment de se souvenir du dieu Janus qui donna son nom au mois de janvier, le dieu qui préside à toute espèce de transition d'un état à un autre. Les deux visages de la statue évoquent le présent comme transition du passé au futur. Il regarde vers l'année passée et vers l'année à venir.
Autrefois, le premier janvier était le jour où l'on offrait les étrennes, des cadeaux à titre d'heureux présages. Noël l'a supplanté aujourd'hui.
Restent les étrennes aux professionnels: aux éboueurs, au facteur, aux pompiers, aux concierges. Traditionnelles encore. Cependant les services rendus par certaines de ces professions ne sont plus aussi évidents qu'autrefois.
Cette année, en Angleterre, on constate un refus grandissant d'accorder des étrennes aux éboueurs, par exemple.
Beaucoup sont mécontents du service de ramassage des ordures ménagères.Certains éboueurs sont accueillis par des insultes, voire des coups.Quelques uns en ont assez de trier leurs déchets et ne comprennent pas qu'on n'enlève pas leurs détritus placés juste à côté de la poubelle trop pleine ou bien que les ramassages des produits recyclables n'ait lieu qu'une fois par quinzaine. Ils y voient de la mauvaise volonté, une certaine forme de paresse. Pourtant, ce n'est pas du fait des employés, mais les mairies ne les autorisent plus à le faire. Il en va de même si la poubelle n'est pas bien fermée.
Les particuliers ne voient pas au nom de quoi ils devraient verser leur obole à des professionnels qui, selon eux, sont bien payés, ont un emploi stable. Pourquoi eux auraient-ils ce privilège et pas nous, murmure-t-on ? Qu'amènent-ils de plus que ce que je fais ? Moi, si j'accepte de l'argent, déclare un autre employé municipal, un peu jaloux, on va m'accuser d'accepter des cadeaux de la part des usagers, d'être corrompu et je vais perdre mon emploi.
Il y a de la frustration dans l'air. Ce qu'ils supportent mal c'est la disparition de ces menus services que les éboueurs leur rendaient dans le passé et la complication croissante des ramassages. Ils regrettent ce bon vieux temps où il suffisait de se débarrasser de ses ordures en les empilant sur un bout de trottoir.
Il faut une contrepartie aux étrennes.
Seules les personnes âgées continuent obstinément la tradition, mais elles ne suffiront pas à sauver
ce pan de l'ancien mode de vie qui disparaît de plus en plus vite.
La Merry old England a vécu...
On ne voit pas pourquoi ce qui est vrai de l'Angleterre ne s'appliquerait pas à la France.
Des dominants et des dominés.
Les avocats, pour essayer de retenir la clientèle des divorces, pour l'empêcher de se faire capter par les notaires, ces concurrents déloyaux, ont trouvé comme argument ultime que, dans les couples qui divorcent, même par consentement mutuel, il y a toujours un dominant qui impose le choix et un dominé qui le subit.
Depuis, je n'arrive plus à dormir tranquille, car, au cours de mes nuits d'insomnie, je tourne et je retourne l'angoissante question suivante:
Dans mon couple qui bat de l'aile, qui domine et qui est dominé?
_ Le dominant, c'est celui qui dispose de la zapette. Affirment certains.
_D'autres ajoutent:
Le dominé c'est celui qui se tape le ménage.
_ Mais quand on fait les deux, quand on est maître de la télé et esclave du balai, ce qui est mon cas, qu'en est-il alors de la domination et de la soumission ?
Problème difficile à résoudre.
Ces mots « dominants », « dominés », n'ont-ils pas, d'ailleurs, un relent de marxisme qu'on croyait enfin dépassé? Les avocats ne seraient-ils pas de dangereux subversifs cachés? À la révolution française, nombre de ces spécialistes de la parole jouèrent un rôle important, voire décisif, ne l'oublions pas.
Et si la fronde des avocats, après celle des magistrats, signalait le début d'un nouveau processus révolutionnaire ?
Alors, sommes-nous à la veille d'un soulèvement gauchiste ?
Mais peut-être ces termes ne font-ils allusion qu'au domaine de l'éthologie ? Chez les animaux, ne parle-t-on pas de mâle dominant ? Jamais de femelle dominante, remarquez. En tout cas pas de femelle dominant sur des mâles. Les « animales » savent rester à leur place. Chez les humains qui sont des animaux, certes, mais pas comme les autres, le problème devient plus complexe. Effectivement, il y a d'affreuses mégères qu'on peut qualifier de dominantes. Comment les reconnaître ? Je n'en sais rien.
Alors pour retrouver le calme je me dis enfin : dominés, dominants ?
_ Dodo. Domino!Immigration et éducation en Angleterre.
Il existe 17,361 écoles primaires en Angleterre et 3,343 écoles secondaires. Dans 1338 écoles l’anglais est désormais la langue minoritaire, la langue seconde. Dans 600 d’entre elles moins du tiers des élèves parlent l’anglais. Dans 574 écoles primaires les élèves qui pratiquent l’anglais comme langue seconde représentent entre 51% et 70% du total des élèves. Dans 569 autres ils comptent pour plus de70%. Dans le secondaire, dans 112 écoles ils sont entre 51% et 70 % et dans 83 plus de 70 %. Dans le district londonien de Newham (9 écoles sur 10) la plupart des élèves utilisent l’anglais comme langue seconde.
Les enseignants tirent la sonnette d’alarme : ces classes sont difficiles à gérer et pèsent sur la qualité de l’enseignement. Le niveau baisse et il faudrait des moyens supplémentaires pour faire face à l’arrivée massive d’étrangers. Il est difficile d’achever les programmes dans de telles conditions.
Ces situations se retrouvent principalement dans la région londonienne.
Newham en est le meilleur exemple mais loin de s’alarmer d’une telle situation certains responsables n’y voient que des avantages. Le bilinguisme fait de Newham un endroit remarquable : les enfants au contact des élèves anglais acquièrent la langue très vite ; il y a moins d’intolérance et certains enseignants choisissent ce district à cause de la diversité des cultures. Newham a d’ailleurs depuis longtemps une tradition d’accueil d’immigrants et sait y faire face.
Un principal de collège se flatte d’enregistrer 42 langues différentes dans son établissement et déclare que ce n’est nullement handicapant. Beaucoup d’écoles de son secteur ont des taux de réussite supérieurs à la moyenne nationale. Ce n’est pas la différence de langues qui est un problème mais la pauvreté qui frappe souvent ces populations ainsi que les problèmes psychologiques que ces enfants ont pu rencontrer au cours de leur vie mouvementée.
Source : Data from the Department for Children, Schools and Families (DCSF)